Salut à tous et prennez le temps de lire !
Je crois que je suis un peu parti en live là !!
Euh... je ne savais pas trop où mettre ce post. Je ne souhaitais pas le mettre dans "les photos nature" car c'est d'un autre style. C'est possible que je ne soit pas trop clair dans mes explications, n'hésitez pas à me le dire.
Bref, rentrons dans le sujet.
Je souhaite, par le biais de la photo que je vais vous présenter, je n'irai pas dire jusqu'à pousser une geulante, mais...j'en suis pas loin.
En fait, en tant que professionnel intervenant auprès de nos cours d'eau, j'avais envie de vous faire partager quelques problématiques, qui sont aujourd'hui imposées à nos milieux aquatiques.
N'ayant peu de notions en photographie, et que le but d'un forum est de nous faire partager nos expériences, je ne peux que vous que vous exprimer mes connaissances, si je puis dire ainsi.
La photo suivante va me permettre de souligner un certain nombre de choses. Je l'ai prise sur un site un peu connu par chez moi, il s'agit de la Varenne un cours d'eau qui passe près de Céaucé dans le 61.
Pour tout vous dire, j'ai apperçu une photo de cet endroit sur un calendrier de l'année 2007, édité par un grand journal quotidien. Cette photo illustrait donc une page. Son but était de valoriser paysagèrement ce site. Bref, il est vrai que c'est un endroit où l'on peut réaliser de belles photos, avec ces lignes formées par les tronc des peupliers, mais le contexte me gène. Car, j'imagine que cette image à été diffusée largement et vers tout public.
Ce qui me gène, c'est que les gens vont associer le peuplier au cours d'eau (c'est très fréquent que les gens plantent un alignement de peupliers en bord de cours d'eau parce qu'ils pensent que c'est l'arbre approprié et q'on le voit à ces endroits.
Erreur !
Outre l'aspect économique d'une peupleraie, ces grand arbres posent d'énormes soucis en zone humide.
D'une part, le peuplier, boit énormément. D'un ordre général, il concours donc à l'assèchement des zones humides, qui ont déjà bien souffert. Il s'en suit de la perte d'espèces associées aux milieux humides, et donc des cortèges relativement sensibles.
Ensuite, le peuplier a des feuilles grandes et nombreuses. Pour des arbres plantés sur les berges, ce feuilles atterrissent dans le cours d'eau. Elles sont très difficiles à dégrader et concours à une augmentation significative de la matière organique et dans certains cas à l'augmentation de la "pollution naturelle" de l'eau. Pour des milieux aquatiques lentiques (pas de courant), ils favorisent le comblement rapide des milieux. Un étang va se combler naturellement, mais avec l'action de ces feuilles, cette vitesse en est accélérée.
Aussi, les réseaux racinaires de ces grands arbres sont très superficiels. Ainsi, les racines restent à la surface du sol et l'arbre est donc peu stable. Au bord des cours d'eau, il suffit d'un coup de vent ou d'une érosion de la berge pour que l'arbre chute et ait 2 principaux impacts :
- le premier est la déstabilisation de la berge où est planté l'arbre, une érosion supplémentaire. Plusieurs désouchements conduisent à l'élargissement significatif du lit de la rivière, modifiant totalement le régime de celle-ci et pouvant dégrader la qualité générale du cours d'eau.
- le deuxième est que ces grands arbres tombés dans l'eau conduisent facilement à des érosions sur la berge opposée, couplée au probléme de la circulation de l'eau, quand un bouchon se créé par l'amas de branchages (pouvant conduire à des "inondations" ou des "effets dévastateurs" en zone sensible en cas de rupture).
Et bien sûr, le peuplier établit une concurence vis à vis des autres espèces. Une absence de ripisylve conduit à la perte d'un habitat et de son rôle d'écotone (milieu de transition entre la zone aquatique et la zone terrestre) (pour les pti GPN: ça me rappelle des cours).
Alors, le gens ne connaissent pas tout ça. Il n'y a pas très longtemps, j'ai réussi à convaincre un particulier de ne pas replanter de peuplier, mais plutôt de mettre de l'aulne, du frène....
Le peuplier, c'est bien joli, ça rapporte des sous, mais ce qu'il ne faut pas oublier, c'est qu'on doit en dépenser après pour réparer toutes les conneries qu'on fait subir aux milieux naturels et aquatiques.
Alors ne plantez pas cet arbre en zone humide. Protégez nos ressources naturelles!
D'autre part, sur la photo que j'ai prise, j'ai souhaité mettre en évidence la route goudronnée, l'emblème de l'imperméabilisation des milieux. Sur une grande échelle, toute l'urbanisation en agglomération empèche l'infiltration de l'eau dans le sol. Elle ruissele donc à la surface. Sur des grandes zones, la quantité d'eau arrivée par précipitation est donc énorme! Cette eau arrive tout d'un coup sur les champs et concours au lessivage des terres agricoles et à l'érosion de celles-ci. La masse d'eau ne prend donc pas le temps de s'infiltrer et de recharger les nappes souterraines. Cette eau qui finit par rejoindre les cours d'eau sont chargées en sédiments (souvent d'ailleurs peu filtrées et peu ralenties par des haies qui ont subi le remembrement), et qui donc dégradent le milieu aquatique. D'un point de vu quantitatif, les cours d'eau deviennent instables et imprévisibles. La moindre pluie peut avoir un impact sur l'écosystème. Le cycle de l'eau est ainsi perturbé et accéléré. Lors d'événements climatiques exeptionnels (fortes pluies ou sécheresse) les phénomènes sont accentués. On a alors des grandes innondations ou une baisse significative de la quantitié de la ressource qui s'accomplagne par une baisse de qualité.
Aujourd'hui il ne faut pas se leurrer. On a de gros soucis à se faire. Mais il ne faut pas tout voir en noir. De nombreux sites sont préservés. Et les programmes de gestion des milieux aquatiques, naturels, agricoles et la maitrise de l'urbanisation accompagnés de changements de pratiques permettent déjà, de reconquérir certains milieux.
En espérant que j'ai pu retenir votre attention pour ces quelques minutes de lecture. Je peux apporter des compléments si tout n'est pas clair.
J'aime bien ces petits appartés, je sais que vous êtes surement déjà sensibilisés à ce genre de problématiques, mais j'aime bien apporter des compléments spécifiques. J'ai d'ailleurs bien apprécié la démarche de Christian avec la création de son blog sur les landes de lanveur.
Aller à tanto, comme on dit.
Sujet: J'adoreeeeeeeee le peuplier!!!! 
Sam 12 Avr - 22:40
